lundi 20 mars 2017

Lais, de Marie de France,

Contes d’aventures et d’amour, les Lais, composés à la fin du XIIème siècle par une mystérieuse Marie, sont d’abord, comme le revendique leur auteur, des contes populaires situés dans une Bretagne ancienne et mythique. Les fées y viennent à la rencontre du mortel dont elles sont éprises ; un chevalier peut se révéler loup-garou ou revêtir l’apparence d’un oiseau pour volet jusqu’à la fenêtre de sa bien-aimée.
Mais la thématique universelle du folklore est ici intégrée à un univers poétique à nul autre pareil, qui intériorise le merveilleux des contes de fées pour en faire l’émanation de l’amour.
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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Si vous aimez la Bretagne et le Moyen-âge, vous devez impérativement lire ce recueil de vieilles légendes de ces contrées celtes : le style médiéval peut rebuter, mais les histoires sont courtes, simples et bien souvent pleines de charme.

Et puisque nous fêtons aujourd’hui le printemps :
The Progress of Spring (1905), par Charles Daniel Ward

             Guigemar (Guigemar),
Le recueil ouvre le bal musical avec un conte très classique qui ne surprendra pas les lecteurs des légendes médiévales : un chevalier trop téméraire chassera une biche enchantée et, en la blessant, la flèche se retournera contre lui, ne pouvant être retirée que par une femme amoureuse. Après la malédiction, il y a l’amour entre le chevalier et la male-mariée qui se déclareront leurs sentiments sans pouvoir les afficher : le chevalier aura une chemise nouée que seule son aimée pourra défaire, tandis qu’elle portera une ceinture que seul son amour pourra défaire.
Bref, le quotidien de nos ancêtres du XIIème siècle, ils ne s’embêtaient pas avec les statuts Facebook, hé.
Rien de très claquant mais Guigemar met dans le bain.

             Equitan (Equitan),
J’ai déjà plus apprécié Equitan : le côté un peu moral n’est pas à prendre au sérieux avec une fin franchement burlesque. Si l’infidélité ne pose pas de problème dans Guigemar, dans Equitan, la méchanceté ajoutée fait qu’il y a une punition qui plane au-dessus des coupables.
Un humour certain dans ce lai qui se rapproche des contes burlesques de l’époque.
(Et il met dans le bain aussi. Vous voyez mon humour ?)

             Le Frêne (Le Fraisne),
Une histoire originale car Marie de France aborde le thème des jumeaux (une particularité de naissance qui posait problème au Moyen-âge) qui est peu utilisé dans les légendes médiévales.
Le récit est plutôt touchant avec l’aventure de cette jeune Frêne (oui, je parle de la demoiselle, là) et ce milieu religieux.

             Bisclavret (Bisclavret),
Loup-garou oblige, j’ai été emportée par Bisclavret ! D’autant plus surprenant que le loup-garou n’est pas le méchant de l’histoire, au contraire : c’est le personnage principal qui sera trahi par sa femme. À la base, en tant que créature maudite et effrayante, le loup-garou a le mauvais rôle, ici, il est au contraire soutenu.
Chose que je n’aurais jamais imaginé pour un récit médiéval !
Un lai que j’adore.


             Lanval (Lanval),
Héhé, le lai qui s’inscrit dans les légendes arthuriennes. Lanval est un récit que je suis même surprise de n’avoir jamais vu dans Kaamelott : un chevalier que tout le monde oublie sans cesse, y a de quoi faire de bons sketchs !
Autrement, Lanval n’a rien à envier à ses collègues Lancelot ou Yvain : son récit est intéressant et le côté féerique est bien plus appuyé que dans les autres légendes qui versent vraiment dans la merveille surprenante.

             Les Deux Amants (Les Dous Amanz),
Lai assez curieux, Les Deux Amants a un côté burlesque et ne possède aucun sérieux : la fin est même presque ridicule ! Comme une blague avec une chute (sans jeux de mots).
Vraiment pas le lai le plus marquant mais il fait sourire.

             Yonec (Yonec),
Un lai avec un air de légende : poème assez long, toute l’histoire est détaillée et bien construite. Yonec s’inscrit parfaitement dans les récits du Moyen-âge.
Métamorphoses, male-mariée, amour caché… il y a tout, même la demoiselle qui s’évanouit une paire de fois en quelques heures !
Un bon récit.

             Le Rossignol (Aüstic),
Malgré mon amour pour Bisclavret, Le Rossignol est certainement mon lai préféré : il est plein de poésie, tout en pudeur. Il s’écarte des merveilles et du surnaturel et serait presque un conte réel, rajoutant à l’émotion que Le Rossignol me laisse.
Si vous n’avez pas le courage de lire le recueil entier, lisez au moins Le Rossignol.


             Milon (Milun),
On retourne ici à un lai classique qui s’inscrit comme une énième légende médiévale. L’histoire est sympathique mais rien de très marquant, surtout après Bisclavret et Le Rossignol qui sortent clairement de l’ordinaire : passer après mes deux coups de cœur, c’est difficile.

             Le Malheureux (Chaitivel),
Tout d’abord commune, cette histoire offre en fait une conclusion en double teinte très intéressante : Le Malheureux peut aussi s’appeler Les Quatre Deuils et ces deux titres offrent un approfondissement intéressant.
Un lai très sympa.

             Le Chèvrefeuille (Chievrefueil),
J’ai eu un souci avec ce lai car il est très connecté au récit de Tristan et Yseult, récit que je n’ai pas encore lu. J’étais donc perdue, je ne comprenais pas grand-chose (ce serait comme lire le tome trois du Trône de Fer avant de lire le premier).
Donc je ne peux pas vraiment me prononcer : je relirai Le Chèvrefeuille une fois que j’aurai lu Tristan et Yseult.

             Eliduc (Eliduc),
Comme pour le premier lai qui met dans le bain, le dernier s’inscrit dans la lignée et clôture ce recueil avec cette aventure classique, histoire d’achever les impressions "légendes médiévales". Malheureusement, Eliduc n’a rien de très original et ne sort pas du lot.

Je termine donc ma lecture avec un avis mitigé : j’adore les légendes médiévales, j’ai eu de vrais coups de cœur pour certaines, autrement, d’autres sont nettement plus communes et s’effaceront assez vites de ma mémoire. Mais je ne regrette absolument pas ma lecture !

Grâce à deux lais, je peux rattacher ce livre au Challenge des Légendes Arthuriennes !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Concrètement, Mairie de France "n’a rien inventé" : elle a surtout immortalisé des légendes connues en Bretagne. C’est ce qu’elle précise dans l’introduction.

2 commentaires:

  1. Mon dieu ! Quand je regarde cette couverture, j'ai des frissons d'angoisse ! J'ai tellement galéré avec ce livre ! Je ne sais plus en quelle année de fac il était au programme mais j'en ai des mauvais souvenirs... Faut dire que ce n'est pas ma tasse de thé :-/ Mais juste pour voir, je tenterai de relire Le Rossignol... Je crois que j'ai toujours ce livre dans ma bibliothèque !

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    1. Ahah ! Ma pauvre ! Je connais ça également mais plus avec des livres du XXème siècle (je ne suis pas du tout l'amie de Pagnol ou Giono...)

      L'enseignant n'était pas bien ? Parfois, quand le contact passe, un prof arrive à nous faire aimer un livre (l'exploit de Mme. D. d'avoir réussi à me faire aimer Clément Marot et la littérature du XVIème, ewé, rien que ça), et parfois, c'est l'inverse... (Giono, c'est à cause d'un prof de lycée d'ailleurs)

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