mardi 13 février 2018

Une bonne âme, d'Audrey Perri,

Londres, 1899.
Florence Jones, jeune mère célibataire, décide de faire adopter sa fille Sélina, faute de pouvoir la garder auprès d'elle. Elle se tourne alors vers Mrs Hewetson, l'une de ces fermières de bébés qui pullulent dans la capitale et qui affirme pouvoir s'occuper de son enfant. Mais Florence ignore encore que cette femme, loin d'être la bonne âme qu'elle prétend être, est déjà impliquée dans la disparition de nombreux enfants...
Quatrième de couverture par Librinova.
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« Je t’ai pris du thé noir, je ne sais pas si tu aimes ? », « j’ai réservé nos vacances, on part à la montagne, j’espère que ça te fait plaisir ? », « je suis passé à la boulangerie, je ne savais plus si tu préférais l’oranais ou le croissant aux amandes, alors je t’ai pris les deux »… Y a ce genre de phrases où on ne peut que me faire plaisir, me décevoir tient vraiment de l’impossible.
Alors quand Librinova m’a envoyé le mail de confirmation pour mon achat d’Une Bonne Âme, j’ai lu « recevez cette histoire dans le Londres victorien inspiré d’un authentique fait-divers et avec des thèmes encore très actuels, on espère que vous passerez une bonne lecture », quand les ingrédients sont réunis, la recette ne peut que fonctionner.
Et Une Bonne Âme n’est même pas retombé comme un soufflet !

Certains se plaindront de la brièveté du roman et ce serait mentir que de dire qu’une trentaine de pages aurait été de trop, mais cette longueur s’accorde au sujet : l’histoire est courte et percutante, sans avoir besoin d’imiter un journaliste, Audrey Perri fait honneur au genre du fait divers en transmettant de vives émotions tout en se débarrassant des notions de bien et de mal.

Belle of the Village (1883) par Alice Mary Havers
« Elle se surprit à penser à sa fille et réalisa qu’elle aurait aimé profiter de cette si belle matinée pour se rendre sur sa tombe. Elle y aurait réchauffé son cœur, aurait déposé son bouquet sur la dalle grise, se serait recueillie sous un soleil clément, lui aurait promis un amour éternel puis se serait glissée sans regrets dans ce qu’elle considérait comme sa dernière chance d’être heureuse. Mais aucun au revoir n’était possible car Adella avait rejoint l’une de ces tombes anonymes auxquelles seuls les plus pauvres doivent se résigner. »
P. 90

La couverture signée
par Elaine Thiebaut
Pas de manichéisme ici : Une Bonne Âme réunit deux femmes, même trois je dirais, des mères confrontées à une société qui ne voit que le rôle sacré sans les difficultés. Ada Williams, Florence Jones et Lizzie Scott sont toutes les trois très différentes, mais toutes m’ont émue : parfaitement inscrites dans l’année 1899, s’accordant aux quartiers pauvres et désemparés, ces trois personnages sont particulièrement marquants. Et cela, grâce à une jolie plume et surtout, humaine : Une Bonne Âme est une réécriture intelligente qui explore tous les esprits, se penche sur tous les passés et toutes les destinées…
J’ai même aimé l’histoire d’amour, c’est dire : elle est pudique, discrète et apporte une touche de douceur dans cette histoire amère.
Un roman très réussi qui tient la moindre de ses promesses : l’histoire touche tout en entraînant son lecteur à la fin du XIXème siècle, abordant pourtant des thèmes actuels et qui parleront à des lecteurs du XXIème.


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Ada Williams et Florence Jones sont deux femmes qui ont réellement existé, mais je vous invite à mener vos recherches qu’une fois le roman terminé.
• Je ne l’ai pas mentionné dans la critique car ce détail est secondaire dans Une Bonne Âme, mais Audrey Perri est la bloggeuse Cellardoor.

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1 commentaire:

  1. Merci d'avoir pris le temps de me lire et merci pour ta critique bienveillante ! ça me touche beaucoup :)

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