vendredi 9 février 2018

L'ours est un écrivain comme les autres, de William Kotzwinkle,

Il était une fois un ours qui voulait devenir un homme… et qui devint un écrivain.
Ayant découvert un manuscrit caché sous un arbre au fin fond de la forêt du Maine, un plantigrade comprend qu’il a sous la patte le sésame susceptible de lui ouvrir les portes du monde humain – et de ses supermarchés débordants de sucreries… Le livre sous le bras, il s’en va à New-York, où les éditeurs vont se battre pour publier l’œuvre de cet écrivain si singulier – certes bourru et imprévisible, mais tellement charismatique ! Devenu la coqueluche du monde des Lettres sous le nom de Dan Flakes, l’ours caracole bientôt en tête de liste des meilleures ventes…
Quatrième de couverture par 10|18.
---


Comment dire ? C’était… bizarre. Absurde.
Comme un Picasso, L’ours est un écrivain comme les autres a de bonnes intentions et des idées riches pour un résultat pas très joli. Voire qui tombe un peu à côté dans le cas du roman de William Kotzwinkle.

Que je vous explique le but de cette trame : en présentant un ours dont personne ne soupçonne la véritable identité, en mettant l’accent sur le pouvoir de l’argent et du sexe et en plaçant des dégénérés qui ne lisent jamais sur les trônes du monde littéraire, l’auteur écrit une vive critique de la société littéraire moderne.
Le personnage central est un ours qui est pris pour l’héritier littéraire d’Hemingway : ses crises de joie le poussent à se rouler par terre et à se frotter le dos, ce qui sont interprétées comme des crises d’épilepsie (et un auteur handicapé par un souci de santé, ça émeut), ses réponses grommelées et qui regroupent le peu de vocabulaire qu’un ours peut articuler sont prises pour des éclairs de génie, des réparties hautement philosophiques.
Bref, c’est absurde mais ça fait sourire !

« Elliot sait que je ne l’appelle que lorsque j’ai quelque chose de spécial. Vous voulez un café ?
— Sucre, grogna l’ours, prononçant avec soin le mot le plus important de son maigre vocabulaire.
— Margaret, apportez-nous un café, voulez-vous, avec beaucoup de sucre. Merci. » Boykins sourit à l’ours. « Personne ne vous a jamais dit à quel point vous ressemblez à Hemingway ?
— Qui ?
— Qui, en effet ! Il se peut fort bien que vous soyez celui qui va le reléguer dans l’oubli. »
P. 27

Sauf que les blagues les plus courtes sont les meilleures : quand elles s’étendent sur presque 300 pages et s’amplifient, la plaisanterie perd de sa saveur. Au programme : zoophilie (deux fois), une métamorphose sortie un peu de nulle part et des dialogues absurdes. Tout ça pour ralentir le rythme de lecture avec d’autres scénarios amorcés… et avortés ! Bref, on aurait pu se passer de pas mal de scènes linéaires avant une conclusion qui vient relever un peu le tout.

Alors oui, il y a de l’idée et le livre a eu son petit succès mais franchement, le traitement n’est pas assez abouti. La plume réussit cependant à instaurer une ambiance typiquement bûcheron nord-américain qui donne envie de voir les vastes forêts du Maine, mais ça, c’est parce que ces passages parlent à l’ourse en moi.
Autrement, je suis restée sur ma faim à cause d’un ennui qui est apparu pour la seconde moitié. 

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Récent en France, L’ours est un écrivain comme les autres, The Bear Went Over the Mountain pour le titre original, est en réalité un livre publié depuis vingt ans, en 1996 ! Comme quoi, le sujet est encore actuel et ne change pas.


Envie de l’acheter ?

1 commentaire:

  1. J'ai déjà croisé ce titre et il avait l'air original et amusant... J'aime bien l'absurde :) Mais j'ai peur de ne pas apprécier la "blague" sur le long terme, malheureusement donc ce n'est pas dit que ce soit un livre pour moi !

    RépondreSupprimer