vendredi 13 mai 2016

Hellraiser, de Clive Barker,

Lorsque Rory emménage dans la maison de son enfance avec Julia, sa jeune épouse, il est convaincu que c’est le début d’une nouvelle vie, même si la bâtisse n’est pas en très bon état. Et puis il y a Frank, son frère, dont il n’a pas entendu parler depuis le mariage. Mais ce n’est pas inquiétant : celui-ci a toujours été un aventurier, parcourant la planète à la recherche de sensations inédites. Pourtant, cette fois, il se pourrait que Frank ait trouvé la clé d’un monde d’où l’on ne revient pas, un monde où plaisir rime avec douleur.
Quatrième de couverture par Folio SF.
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« Il leur avait, contre le mur ouest, dressé une sorte d’autel orné d’apaisantes offrandes qui les convaincraient […] de prodiguer leurs bons offices : os, friandises, aiguilles. »
P. 13

Gamine, mes parents étaient de fins connaisseurs de films d’horreur. Enfin, mon père emportait ma mère plutôt, et puis il a fini par m’emporter aussi. Il y avait dans son bureau une statue d’une cinquantaine de centimètres de hauteur d’un homme avec une longue tunique en cuir noir, des chaînes à la ceinture où pendaient des yeux, des mains et des outils ensanglantés. Le personnage tendait une espèce de boîte carrée, noire avec des dorures et avait des clous plantés dans le crâne. Mon père avait également la boîte du monstre mais d’une taille à échelle réelle, de façon à ce que je puisse la tenir comme le Cénobite Pinhead le faisait.
J’en avais un peu peur et ça ne s’était pas arrangé quand j’avais appris que c’était tiré du film Hellraiser, film que ma mère avait toujours été incapable de voir car elle le jugeait horriblement malsain.


Sauf qu’avant d’être un grand classique du cinéma d’horreur, Hellraiser, de son titre original The Hellbound Heart, est surtout une des œuvres les plus connues du maître du splatterpunk : Clive Barker. Grande fan de Stephen King, des récits d’horreur et de l’univers splatterpunk, découvrir cet auteur britannique était un peu un passage obligé.
Et j’avoue que si j’ai été très contente de découvrir ce roman (un peu court, malheureusement), j’ai une minuscule once de déception

Lire le roman en l’espace de deux jours ne prouve pas vraiment une addiction à cette lecture : se résumant en à peine 160 pages, Hellraiser aurait nettement pu s’étirer sur davantage. Mais c’est sûr que le soir, je dévorais un chapitre supplémentaire en me sermonnant comme quoi ce n’était pas raisonnable. L’intrigue est captivante et si certains rebondissements sont faciles, ils sont rythmés et poussent à poursuivre la lecture.
Cette longueur un peu brève est mon principal regret : cet univers riche et ces personnages complexes méritaient d’être explorés plus longtemps et j’avoue que, même si les Cénobites sont répugnants, j’aurais aimé les découvrir plus.
Et en même temps, l’horreur n’est bien souvent complète qu’avec une part de mystères et de secrets bien dosé : recette qui fonctionne ici dans Hellraiser.

Perversion, sadisme, torture physique et séquestration mentale, la plume de Clive Barker a beaucoup de charme et sait refléter l’ambiance qu’il veut amener dans son roman. La traduction étant menée par Mélanie Fazi, je peux garantir qu’elle est de qualité, en plus !

L’illustration de la couverture est signée par Bastien Lecouffe Deharme.

Si on reproche à Stephen King de s’étendre beaucoup trop dans ses romans, je reprocherais ici à Barker de ne pas s’être épanché assez : ses monstres sont très intéressants, ces fameux Cénobites qui aiment les tortures sexuelles, les fleurs et les friandises (on est éclectiques ou on ne l’est pas, hein) et les personnages auraient pu être plus frappants.
Il s’agit d’une base, car l’univers d’Hellraiser a surtout été agrandi grâce aux suites cinématographiques et l’engouement qu’il y a eu autour.
Ce roman, qui ressemble plus à une longue nouvelle, ne tient pas totalement ses promesses mais le charme y est, c’est sûr. Attendez-vous plutôt à effleurer ce monde si terrifiant plutôt que d’y plonger… Et si la frustration vous gagne, vous savez ce qu’il vous reste à faire : ouvrir la fameuse boîte de Lemarchand !
(C’est-à-dire voir les films, pas plus loin, rassurez-vous.)

Avec l’anecdote partagée en début de chronique, ça m’amuse de rattacher Hellraiser à l’idée n°20 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,

• L’adaptation du film datant de 1988, deux ans après le roman, a été réalisé par Clive Barker en personne. Des points de l’histoire change toutefois et la fin diffère beaucoup. Pour ne citer qu’un exemple : Kirsty n’est plus la bonne amie avec un béguin pour Rory, c’est sa fille et par conséquent, la nièce de Frank. Donc méfiez-vous : sur GoodReads, la fiche personnage donne Cotton en nom de famille à Kirsty alors qu’elle n’a aucun lien de parenté dans le livre, c’est exclusif au film.
• L’univers des Cénobites apparaît dans d’autres ouvrages de Barker, mais seulement mentionné la plupart du temps : le grand retour est marqué par Les Évangiles Écarlates, publié en 2015.
• Petit détail sympathique : à deux reprises, Clive Barker sous-entend que le marquis de Sade a possédé la boîte de Lemarchand et qu’il a été inspiré par les Cénobites pour écrire Les Cent Vingt Journées de Sodome.


2 commentaires:

  1. C'est tellement cool d'avoir des parents fans de films d'horreur... !!! :D
    Je note le titre, je pense que je le lirai un de ces quatre, pas certaine d'être à 100% fan mais je suis quand même curieuse...

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    1. Difficile d'être 100% fan, oui, car il laisse un peu sur sa faim dans le fond, après, Clive Barker est relativement connu et a de la bouteille comme on dit donc ce n'est pas toujours facile de sélectionner un ouvrage, je pense que Hellraiser reste une bonne entrée en matière et ça me motive à lire d'autres ouvrages en espérant qu'ils seront plus complets !
      Le film vaut le coup aussi et il propose une fin alternative, c'est pas mal :)

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